Lancement du Club Vianeo : une communauté de plus ?

Par pure coïncidence, je participais le jour du lancement du Club Vianeo à une soirée de l’association des Hacktivateurs sur le thème « Pourquoi les communautés foirent-elles toutes au bout d’un an ? ». Alors que j’entendais les différents témoignages relatant des expériences plus ou moins satisfaisantes et toujours laborieuses pour arriver à fédérer un ensemble de personnes et de personnalités autour d’un sujet spécifique, sans autre but que de partager, échanger et apprendre les uns des autres, m’est venu à l’esprit ce qui pour moi est le meilleur exemple de communauté. Cette communauté est assez particulière, très personnelle mais elle a le mérite d’illustrer chacune des pierres angulaires d’une communauté solide tant sur le fond que sur la forme. Cette communauté est celle de ma famille qui s’est constituée autour et grâce au « salon de ma grand-mère ».
Sommaire :
    1. Les caractéristiques
    2. Les cinq pierres angulaires

Le lieu

Le salon de ma grand-mère était une vaste pièce de 50m2, haute de plafond, meublée, non de poufs, tables sur roulettes bigarrées ou autres meuble design, mais de mobilier Louis XVI, d’un piano à queue sur lequel trônaient quantités d’objets tous porteurs de sens, d’une vaste cheminée de marbre, de tables de bridges, de vitrines contenant des objets de curiosité de toutes les époques et de toutes les provenances, d’un meuble accueillant les albums de famille et les albums de croquis de ma grand-mère (artiste au demeurant), de sa collection de chouettes, et surtout d’une vingtaine de fauteuils répartis de manière plus ou moins ordonnée de part et d’autre de la pièce.

Les occupations des membres

Dans un tel espace, chacun pouvait vaquer et trouver l’occupation de son choix selon l’humeur du moment, les tantes autour d’une table de bridge avec leur tricot ou jouant au bridge, un cousin (qui se reconnaîtra) au piano, un autre (qui se reconnaîtra aussi) affalé dans l’un des deux plus grands fauteuil au coin du feu, un petit groupe se plongeant dans des albums et se réjouissant des bouilles de leur enfance. Mon grand-père jusqu’à sa mort immuablement assis à « sa » table de bridge, le mégot de « Boyard maïs » au coin des lèvres avec pour compagnon son journal, sa réussite ou son café selon l’heure. Chacun trouvait place quelle que soit l’heure de la journée et s’y sentait bien.

La charte

Le salon de ma grand-mère avait ses règles et ses rites bien établis. L’une d’elle a été particulièrement marquante et structurante pour chacun des membres de la famille : « La règle du café ». Le café était un moment sacré pour la communauté et seuls les membres de 18 ans y étaient conviés ; Les mineurs avaient interdiction de rentrer dans le salon durant ce moment « d’adulte ». Que de regards volés au travers de portes entrebâillées ou d’attentes à l’extérieur que le plateau du café soit rapporté à la cuisine pour enfin pouvoir retrouver les siens ! Vous n’imaginez pas la fierté et le caractère solennel du premier café « au salon » !

La gouvernance

Ces rites et règles faisaient l’objet d’une gouvernance discrète mais bien réelle à la tête de laquelle se trouvait ma grand-mère qui avec bienveillance, attention personnelle et autorité naturelle, gardait l’œil sur chacun, son comportement, sa bonne tenue mais aussi son état d’esprit du moment.

L’esprit

Par-dessus tout, le salon de ma grand-mère, était « LE LIEU » par excellence. Le lieu où tout se passe. Le lieu où l’on est sûr de retrouver quelqu’un « Tiens t’es là toi ? » ou « Oh ils sont arrivés, quelle joie de se retrouver ». Le salon était un lieu où l’on pouvait rester des heures sans rien faire en apparence, si ce n’est « être là ». On n’y faisait rien de particulier mais pour rien au monde on n’en partait de peur de manquer un événement ! Et nous étions bien récompensés car grâce à cette présence sans objectif apparent, des tas de choses se passaient, se disaient, se comprenaient, se partageaient, des discussions s’animaient, des apartés se tenaient, couverts par le son du piano et sans oublier quelques ragots qui circulaient au gré des humeurs et des événements… et ainsi chacun des membres se construisait… Aujourd’hui, le salon n’est plus et ma grand-mère a rejoint d’autres cieux mais la communauté est bien toujours là, heureuse de se retrouver virtuellement sur son site internet ou physiquement lors d’occasions devenues malheureusement trop rares. Mais quel que soit le lieu, les conditions de retrouvailles et les distances, « être ensemble » reste nécessaire et continue à construire chacun de ses membres.

Les 5 pierres angulaires

De ces faits bien réels, voici les 5 pierres angulaires qui ont fait la force de cette communauté et que j’ose proposer comme condition d’une communauté vivante, utile et devenant nécessaire :
  1. Un lieu emblématique physique et par les moyens actuels, virtuel.
  2. Une gouvernance ouverte, bienveillante mais non moins solide et présente.
  3. Des règles établies et acceptées et indiscutables avec des étapes permettant de mesurer le degré d’appartenance.
  4. Pas d’enjeu si ce n’est d’avoir envie d’être ensemble et de se faire confiance sur la capacité de chacun à apporter aux autres.
  5. Le choix délibéré de chacun de ses membres d’en faire partie (je penche à croire que ce fut le cas pour la communauté du « salon de ma grand-mère » même si faire partie de la famille était au départ un fait et non un choix !
Ainsi, de ces piliers, une belle alchimie peut naître faisant de cet espace « social » un espace dans lequel chacun de ses membres sait qu’il se passe des choses importantes que pour rien au monde il ne manquerait ! Rendez-vous dans un an, pour vous dire comment le Club Vianeo a intégré ces pierres angulaires et comment se vit l’alchimie attendue par ses membres qui en ont été à l’origine.
Séverine Herlin – CEO Vianeo

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