Les intrapreneurs ou entrepreneurs-salariés qui pilotent des projets d’innovation au sein de leur propre entreprise sont de plus en plus nombreux. Une tendance qui semble toucher tous les secteurs et de plus en plus d’entreprises. Il s’agit d’une évolution dans le management de projets interne qui présente un double intérêt : faire émerger des projets qui pourront être l’avenir de l’entreprise et permettre aux collaborateurs d’explorer de nouvelles idées à forte valeur ajoutée.
Sommaire :
Une approche en cours de consolidation
La démarche de l’intrapreneuriat semble séduire de plus en plus de groupes et de salariés en France. Pour preuve d’un mouvement de fond qui commence à se structurer, Véronique Bouchard a lancé à l’EM Lyon, l’Institut de l’Entrepreneuriat qui vient de fêter ses 1 an avec déjà un beau bilan en quelques mois.
En 2019, une étude menée par la start-up CreateRocks révélait ainsi que les programmes d’intrapreneuriat avaient quadruplé en seulement quatre ans. L’organisation a même élaboré une *map* de l’intrapreneuriat qui confirme ce succès, dressant la liste des acteurs clés dans ce domaine : entreprises, organismes de formations, etc. Le développement de l’intrapreneuriat semble ainsi toucher tous les secteurs (industrie, service public, secteur bancaire…).
Une culture de l’innovation qui s’accompagne aussi de nouvelles offres en matière de services. Bon nombre de startups proposent ainsi des outils de travail aux intrapreneurs. L’objectif : épauler ces nouveaux talents pour les accompagner dans la gestion et le développement de leurs projets.
Cet engouement pour l’intrapreneuriat s’explique en grande partie par la possibilité offerte aux entreprises de développer des projets d’innovation en interne. Une démarche qui leur permet de découvrir de nouvelles opportunités de marché, de maîtriser les coûts et les ressources, mais aussi d’empêcher les collaborateurs et talents des entreprises d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs…
Du côté des employés, l’opportunité de s’impliquer davantage dans l’entreprise explique aussi le succès de l’intrapreneuriat. Les collaborateurs-intrapreneurs peuvent par ailleurs travailler en autonomie, acquérir de nouvelles compétences et concrétiser leurs idées, ce qui renforce le sentiment d’appartenance à l’entreprise. L’intrapreneur se voit surtout offrir la possibilité de mettre en place un projet d’innovation en interne, tout en conservant son emploi et en profitant des ressources clés de la société.
Pour que la démarche puisse aboutir, il est nécessaire que l’organisation de l’entreprise favorise et soutienne l’intrapreneur tout au long du développement dudit projet, malgré son caractère incertain. Au coeur de cette démarche, les dirigeants et les managers doivent autoriser les entrepreneurs-salariés à bousculer les codes de l’organisation et de prendre quelques risques au passage (quitte à échouer). En échange, les intrapreneurs se doivent d’assurer une visibilité et une vision partagée du vision du projet à tout instant. Face à cet enjeu, des méthodes spécifiques de management de projet exploratoires sont nécessaires. La méthode Vianeo fait partie de ces méthodes particulièrement appropriées à une approche intrapreneuriale.
La place des intrapreneurs dans les grands groupes
Les grandes entreprises n’hésitent plus à lancer des programmes d’intrapreneuriat et à solliciter leurs collaborateurs pour renouveler leur offre.
France Télévisions : les collaborateurs prennent le pouvoir
L’objectif du groupe est ambitieux : donner une place à chaque collaborateur, afin que chacun devienne « un vecteur de transformation de l’entreprise ». À travers ses programmes d’intrapreneuriat, France Télévisions souhaite surtout entretenir sa culture de l’innovation et rendre le groupe plus agile. Cette stratégie doit également permettre à l’organisation d’apporter des réponses aux problèmes qui peuvent parfois se poser en interne et de favoriser la prise d’initiative dans chaque équipe.
Plusieurs projets d’innovation ont été sélectionnés par les dirigeants du groupe en 2021, comme « TikTok présidentielle 2022 ». France Télévisions va ainsi se déployer sur le réseau social, avec l’objectif d’attirer les jeunes internautes en leur proposant une information accessible et de qualité, pour qu’ils puissent saisir les enjeux de l’élection. Quant au projet « DLC » (Derrière la caméra), la démarche vise à concevoir de nouveaux programmes pour présenter aux spectateurs les coulisses du groupe France Télévisions.
Des intrapreneurs à La Poste
En 2014, le groupe lance un concours annuel pour encourager ses collaborateurs à présenter leurs idées. L’objectif de la démarche : découvrir de nouveaux services et de nouvelles activités que pourrait développer La Poste. Les employés, qui travaillent en équipe, soumettent leurs idées ou leur projet à un jury composé de dirigeants du groupe et d’intervenants extérieurs. Sur les centaines de candidatures déposées chaque année par les aspirants intrapreneurs, seuls trois ou quatre projets sont retenus.
Les heureux gagnants sont ensuite détachés de leur poste pour une durée de 12-18 mois afin de monter leur projet en équipe (tout en restant salariés du groupe). Ils sont accompagnés par un tuteur, qui les aide pour le développement de leurs projets. En cas de succès, les employés percevront 20 % du capital après la création de la filiale. L’organisation de ces concours a permis à La Poste de développer de nouvelles activités, comme la création d’un service de conciergerie pour clés.
BNP Paribas : place aux projets à impact
Le groupe a lancé le programme d’intrapreneuriat People’sLab4Good pour donner vie aux idées des collaborateurs de l’organisation. Les projets d’innovation doivent concilier business et responsabilité sociale et environnementale. Après validation du concept, l’intrapreneur bénéficie d’un accompagnement en interne, afin de trouver les ressources pour concrétiser son projet.
Le programme a notamment permis de lancer le projet Finance4Good, qui vise à créer un compte d’épargne « responsable ». Grâce à cette démarche, les usagers pourront ainsi participer au financement des entreprises à impact social et environnemental, grâce aux intérêts de leur épargne.
Qu’avons-nous appris ?
- Les programmes consacrés à l’intrapreneuriat ont quadruplé en seulement quatre ans. La démarche ne cesse de faire des adeptes, aussi bien du côté des dirigeants que des salariés. Les premiers y voient l’opportunité de développer des projets innovants en interne, tout en maîtrisant les coûts. Les employés, eux, y voient le moyen de s’impliquer davantage dans leur société et de profiter des ressources de cette dernière pour mener à bien un projet.
- Le « droit à l’échec » fait partie du processus. Les dirigeants doivent ainsi soutenir leurs intrapreneurs et leur permettre de prendre un certain nombre de risques.
- Les grands groupes développent aujourd’hui leurs propres programmes d’intrapreneuriat, laissant le champ libre aux collaborateurs pour imaginer et concevoir le futur de l’entreprise, à travers la création de filiales ou le développement de nouvelles prestations.