A l’Institut Pierre Fabre, les 2 journées de Business Design que nous déployons actuellement à destination des collaborateurs de la R&D, sont précédées d’une journée dédiées à la culture et à la posture de l’innovation. Lors de cette journée, nous nous permettons de déconstruire l’appréhension classique d’un projet avec l’appui d’une méthodologie de type Gantt pour mieux laisser place à l’enjeu crucial de l’innovation qui consiste à « faire avec l’incertitude ».

Cette journée, outre la présentation de l’effectuation essentielle pour acquérir la bonne posture, est centrée sur la transmission des 4 facteurs clés de succès, conditions sine qua non à la réussite de l’innovation :

  1. l’humain au centre
  2. le sens donné à l’action « A quoi cela sert-il ? »,
  3. la richesse de l’écosystème augmentant la création de valeur
  4. l’agilité et la capacité à se remettre en cause.

 

  1. L’humain au centre.

L’innovation est avant tout une histoire de personne et de personnalité.

Innover n’est pas une compétence qui s’acquière soit à la naissance par un don particulier, soit sur les bancs de l’école par un apprentissage particulier.

Devenir innovateur, c’est avant tout s’autoriser un chemin inattendu qui s’impose à soi à la suite d’une rencontre entre son histoire de vie, son histoire personnelle et une solution dans laquelle on croit fermement. Tout l’enjeu ensuite, et c’est là que l’innovateur le devient véritablement, est de partager cette conviction avec un environnement économique et social que l’on pourra qualifier de marché. Ainsi, tout un chacun peut un jour devenir un innovateur, il suffit de ressentir profondément cette conviction de détenir une solution qui viendra résoudre son problème et surtout celui d’un grand nombre et de mettre tout en oeuvre pour qu’elle trouve sa place dans des usages et dans des relations économiques.

Dans ces conditions, innover implique un engagement très personnel de toute son énergie, son action, portée par sa foi pour atteindre sa vision. Inutile d’insister sur le fait que dans une équipe, dans une entreprise, cette énergie quasi vitale à atteindre un objectif est une force que toute structure devrait compter parmi ses collaborateurs !

 

  1. Le sens de ce que l’on fait

L’innovateur est avant tout, quelqu’un qui cherche à résoudre un problème. S’il n’y parvient pas ou si il fait face à des solutions existantes qui résolvent très bien déjà le problème, il n’aura aucune chance d’aboutir. L’innovateur est donc une personne en quête de sens. « Ce que je fais, ce que je propose de nouveau doit avant toute chose servir à quelque chose ».

Innover demande un effort parfois sur-humain, le faire sans raison, sans sens, ne mènera à rien.

Ainsi l’innovateur est par nécessité à l’écoute permanente de son environnement, ses capteurs sensoriels sont actionnés à 100% en permanence, pour mieux apprendre et construire avec et pour ceux qui ont intérêt à le voir arriver.

Ici encore, le bénéfice d’un profil d’innovateur dans une équipe est grand. Ces personnes permettent de rationaliser les échanges, d’avancer dans un objectif constant et concret de résolution de problème. Ils sont d’une grande ressource pour faire avancer les projets.

 

  1. Un travail en réseau

Un innovateur seul est une innovation en danger ! La théorie de l’effectuation, au travers de l’un de ses piliers, « Crazy Quilt » montre bien l’engagement nécessaire de parties prenantes dès la naissance du projet. Cet engagement se fait par un partage de valeur entre acteurs, le bénéfice du partage étant plus élevé à plusieurs. L’innovateur sent bien l’intérêt d’un partage « win/win » plutôt que d’une action en solitaire. Par ce partage, il peut à la fois vérifier à chaque instant la valeur de son innovation et apprendre de ces échanges pour l’améliorer.

Un innovateur dans une équipe aidera l’ensemble de ses membres à s’ouvrir à son environnement plus ou moins proche, en confiance, conscients qu’ils ont plus à gagner à partager qu’à « se calfeutrer dans leur grotte ».

 

  1. L’agilité et la capacité à se remettre en cause

Enfin dernière caractéristique fondamentale qui découle d’ailleurs des 3 premières, l’innovateur est souple. Il sait changer de voie, il sait redéfinir le périmètre de son marché pour mieux y capter de la valeur, ce que le jargon de la start-up appelle « pivoter ». Il n’a pas peur d’abandonner une voix pour une autre parce que la seconde a plus de sens que la première. Curieux et avide d’identifier les meilleurs leviers pour son innovation, maitre de sa barre, il sait faire sens de ce qui se passe autour de lui et naviguer sans crainte malgré des vents changeants.

Ici encore, il s’agit d’une « posture » intéressante à avoir dans une équipe, un individu capable de s’adapter quoi qu’il arrive pour arriver à des fins utiles et créatrices de valeur.

 

Voilà quatre composantes d’un profil que tout manager aimerait trouver dans ses équipes afin de favoriser l’ouverture d’esprit, la créativité et la création de valeur en contexte incertain. Un innovateur possède ces 4 caractéristiques et est capable de les mettre à disposition dans tout domaine qu’il s’agisse de fonctions métiers ou de fonctions transversales. Innover requière avant tout une expertise humaine, une état d’esprit, plus qu’une expertise métier.

L’association les « Hacktivateurs » a mis cet enjeu au coeur de sa raison d’être en favorisant cette prise de conscience par le partage de retours d’expériences et de bonnes pratiques autour de l’intrapreneuriat.

Nous ne saurons trop pousser toute organisation à transformer ses collaborateurs en innovateurs et/ou à embaucher des innovateurs, les organisations ont besoin de personnes porteuses d’un tel état d’esprit !